• Pensez-vous comme Jean Michel Gouard que « La spécificité de la poésie repose sur l’ornement du discours » ?

     

    (Dissertation littéraire)

    Sujet

     

    Pensez-vous comme Jean Michel Gouard que « La spécificité de la poésie repose sur l’ornement du discours » ?

     

    Proposition de rédaction

     

                À la question de savoir qu’est-ce que la poésie, les réponses sont autant nombreuses que contradictoires les unes et les autres pour ainsi dire qu’il n’y pas une réponse unanime. Cependant, Jean Michel Gouard pense que ce qui fait la poésie est l’ornement du discours.

    Doit-on donc s’atteler à la pensée de Jean Michel Gouard pour appréhender la poésie ? Est-ce la seule spécificité de la poésie ? N’y a-t-il pas d’autres caractéristiques à prendre en considération pour définir la poésie ?

    Toutes ces interrogations nous amènent à montrer que c’est l’ornement du discours qui fait la poésie avant toute chose ; néanmoins elles nous permettront aussi à mettre en évidence d’autres caractéristiques de la poésie.

    (Saut de deux lignes)

                L’on appréhende la poésie par le discours, car elle utilise un discours orné, enjolivé ou embelli par l’emploi des images, de rythmes et de sonorité. (Thèse I et les arguments)

    En effet, la poésie est le lieu où l’ornement du discours est de mise, car le poète est celui-là même qui utilise les mots de façon imagés pour suggérer des choses. Mieux la poésie s’écarte du langage courant et banal pour se met au service d’un langage magique, orné, embelli ou enjolivé qui déroute le lecteur du sens ou de la signification.

    Nous voyons cela avec Charles Baudelaire avec son poème « À une passante » dans lequel il dit « la rue assourdissante autour de moi hurlait. » Dans ce passage, Charles Baudelaire nous fait croire que c’est la rue qui hurlait. Cela est surprenant qu’une rue hurle ; mais tel n’est point le cas. Pour saisir donc le sens de ce vers il faut une interprétation en tenant compte du contexte énonciatif et de l’intention du poète. Charles Baudelaire personnifie la rue, il embellit ses propos pour mieux faire ressortir l’ambiance bruyante de la rue.

                La poésie est aussi le lieu où le poète fait rimer les mots entre eux, chanter la phrase selon un rythme. Il redonne donc aux mots leurs sonorités et leurs beautés ; tandis que le langage courant confond le mot et la chose. C’est donc à juste titre que Léopold Sédar Senghor, dans la postface d’Éthiopiques, affirme qu’« il suffit de nommer la chose pour qu’apparaisse le sens sous le signe ». À ce propos de Léopold Sédar Senghor, nous pouvons ajouter quatre vers de Victor Hugo pour l’illustration de la rime :

    « Il neigeait. L’âpre hiver fondait en avalanche

    Après la plaine blanche, une autre plaine blanche

    On ne connaissait plus les chefs ni le drapeau

    Hier la grande armée, aujourd’hui troupeau. »

    Cette strophe de quatre vers forme ce que l’on appelle la rime plate (aabb). On y trouve aussi des images.

    De ce qui précède, nous retenons que la spécificité de la poésie est avant tout l’embellissement du discours. Cependant, elle a aussi d’autres caractéristiques à prendre en considération.

     

    (Saut d’une ligne)

     

                Ce n’est pas seulement l’ornement du discours qui fait ou qui définit la poésie. Ce qui fait la poésie, c’est aussi les thèmes abordés, les formes poétiques et la liberté aux pensées, aux expressions que l’on emploie. (Thèse II et les arguments)

    En effet, le poète est un artiste qui travaille, certes, avec les mots, mais aussi avec sa sensibilité, sa perception du monde et la connaissance qu’il en a. Cette perception du monde se saisit par les thèmes. La poésie est le lieu privilégié pour exprimer les sentiments, et les émotions que le locuteur ressent. Le plus souvent, ce sont les thèmes de la tristesse, de la douleur, de la passion, de l’amour et de la fuite du temps ou du souvenir de l’enfance. Nous ne pouvons pas dire le contraire avec le poème « Joal » de Léopold Sédar Senghor ou « Je vous remercie » de Bernard Dadié, voire Les amours de Marie de Pierre de Ronsard. Les sentiments dits dans ces poèmes sont respectivement des thèmes du souvenir de l’enfance, de la fierté d’être, l’amour. Ces sentiments sont exprimés de manière à émouvoir le lecteur ou l’auditeur. Le lecteur ou l’auditeur, par les thèmes et par la manière de les dire, fait corps et âme avec le poète. C’est donc une sorte de complicité entre poète et lecteur ou auditeur. Cette complicité liée par la manière de dire les thèmes fait donc la poésie. Cependant, la poésie est aussi les formes poétiques et la liberté de s’exprimer.

                La poésie n’est plus appréhendée ou définit par un texte écrit en vers mais comme un texte qui dit, suggère et émotionne en admettant toutes sortes d’écritures. La poésie a une diversité de forme et une liberté d’écriture. Et tous ces éléments la définissent. En effet, la poésie est caractérisée par la libre pensée et la libre expression. En d’autres mots, elle est caractérisée par la liberté de composer les textes poétiques et de s’exprimer. Cette liberté est appelée licence poétique. C’est avec cette licence poétique que Guillaume Apollinaire s’est permis de faire ses calligrammes poétiques, et Arthur Rimbaud a choisi la prose poétique qui est illustrée par son poème « Bateau ivre ». Certains poètes abandonneront carrément le vers pour le verset. Léopold Sédar Senghor affirme avoir s’inspirer de John Perse pour le verset car dans les poèmes de ce dernier, il retrouve l’âme de l’être noir. Au-delà de ces éléments, il faut mentionner que les formes poétiques sont diverses, que l’on tente de faire une taxinomie. Hier c’étaient le sonnet, , le pantoum, la ballade, le rondeau, l’ode, l’élégie…aujourd’hui, on y place le rap, le slam, le zouglou, la griotique, le langage tambouriné ou l’attoungblan. C’est avec raison que Léopold Sédar Senghor affirme, dans la postface d’Éthiopiques, que la poésie n’est accomplie « si elle se fait chant, parole et musique en même temps ».

    Au terme de notre réflexion, nous voyons que la poésie n’est pas seulement caractérisée par l’ornement du discours, mais, elle est aussi appréhendée par les thèmes, les formes poétiques, par la liberté d’exprimer sa pensée.

    (Saut de deux lignes)

     

                La poésie a plusieurs caractéristiques. Elle est tantôt appréhendée par l’ornement du discours ; tantôt par les thèmes ; tantôt par les formes poétiques ; tantôt par la liberté d’exprimer ses pensée ; tantôt par le chant ou la musique. Ces nombreuses caractéristiques de la poésie nous font dire la poésie échappe à toute définition tout en passant son temps à essayer de se redéfinir.

    Nous croyons, donc, que ce sont ces différentes caractéristiques qui font la beauté de la poésie et qui font, peut-être, dire Paul Valéry que l’idée si vague que l’on a de la poésie est la définition même de la poésie.

     

     

     

    Proposeé par

    Adou BOUATENIN,

    Critique littéraire, Poète-romancier

    « L’ivoirité, le bouc-émissaire de la crise ivoirienne de 2000 à 2010.DÉMOGRAPHIE GALOPANTE : UN OBSTACLE À L’ÉMERGENCE »
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